Résumé
« Mon cœur n’est pas une affaire d’état », c’est le cri des couples mixtes contraints de prouver leur amour aux autorités belges pour pouvoir vivre ensemble. Pour ces couples binationaux, se dire « oui » est un véritable parcours du combattant. Il ne s’agit pourtant que de la première étape d’une longue liste de procédures nécessaires avant d’accéder au regroupement familial, qui lui aussi peut prendre plusieurs mois et rendre la vie de centaines de couples un réel enfer. Les couples mixtes, c’est-à-dire dont un.e conjoint.e est de nationalité extra-européenne, sont presque toujours soupçonné.e.s de fraude dès qu’iels décident d’officialiser leur relation. Sept mille mariages sont empêchés en Belgique chaque année puisque l’Etat multiplie les ressources au service de la chasse aux “mariages blancs”, aux “mariages gris”, et désormais aussi aux “bébés-papiers”. Par conséquent, les couples se voient soumis à des enquêtes de police et des visites domiciliaires intrusives visant à tester l’authenticité de leur amour. Iels doivent également fournir des dossiers de centaines de pages, légaliser un tas de documents, rentrer dans les conditions durcies de revenus stables, et faire face au racisme institutionnel. Le réseau « Amoureux, vos papiers ! » épaule tous ces couples dans leurs démarches en leur apportant notamment une aide juridique et un soutien émotionnel.
Les coulisses du tournage
Nous avons entendu parler du réseau de soutien « Amoureux, vos papiers ! » suite à un reportage réalisé avec Caritas. Une fois les contacts établis avec ce réseau, les bénévoles ont tout fait pour faciliter les tournages et les rencontres avec les couples. Nous avons ainsi pu recueillir les témoignages de familles brisées et longtemps séparées. Cristel a été forcée d’accoucher seule en Belgique sans la présence de son compagnon Elias. Aujourd’hui enfin réunis après des années de combat, ils tentent de reconstruire leur vie de famille. Quant au mari de Caroline, il a été détenu en centre fermé et les démarches pour qu’ils puissent se marier et rester en Belgique ont été très longues et laborieuses.