En Errance

Décembre 2020
Les jeunes sont beaucoup plus nombreux en Belgique qu’on ne le croit à être en errance. En rupture avec leur famille, une enfance vécue dans l’aide à la jeunesse, le sans-abrisme ou en exil, en souffrance psychique ou psychologique. Ces jeunes ont en commun la perte de réseaux structurants et le décrochage avec les dispositifs d’aides et de soins.

À Bruxelles, environ 150 jeunes belges ou étrangers, encore mineurs ou tout juste adultes, sont en errance. Des nuits passées à droite à gauche, à dormir dans un squat ou une gare, en structures d’accueil d’urgence ou en rue, dans une immense précarité et injustice. Ces jeunes, qui se nomment souvent les « incasables », ont des parcours de vie chaotique emprunts de ruptures avec leurs proches et avec la société. Au fil de ces parcours, ils connaissent l’isolement de tout, y compris des soins. Ils passent souvent au travers de ce qui est mis en place pour les aider ou les sortir de là, soit parce qu’ils n’ont plus confiance soit parce que les réponses qu’ils reçoivent semblent être à des années-lumière de leurs réalités. On s’aperçoit que le chemin de ces jeunes et celui des dispositifs d’aide ne se croisent pas malgré la grande souffrance psychique dans laquelle ils se trouvent. Nous avons suivi une des équipes mobiles de Bru-Stars, le réseau bruxellois en santé mentale pour enfants et adolescents et plus particulièrement l’équipe qui accompagne les jeunes de 16 à 25 ans, un public auquel le secteur accorde une attention toute particulière. En allant sur le terrain, à la rencontre des jeunes isolés, l’équipe essaye d’abord de recréer avec eux l’essentiel : le lien.

EN SAVOIR PLUS

Les coulisses du tournage

La rencontre avec Fanny Laurent du projet “Jeunes en errance” du Forum – Bruxelles contre les inégalités a été le point de départ de la construction de ce sujet et nous a outillé en termes d’expertise et de relais vers les services de santé mentale concernés par les situations d’errance. La jeune femme qui a vécu l’errance et témoigne de façon anonyme souhaitait déstigmatiser les à priori sur les jeunes en errance. Passer du temps auprès d’elle et des acteurs-rices de terrain afin de tisser un lien de confiance a été nécessaire.